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devoir les plus grands crimes, faire ruiſſeler le ſang humain. Pourquoi ? pour faire valoir, maintenir ou propager les conjectures impertinentes de quelques enthouſiaſtes, ou pour accréditer les fourberies de quelques impoſteurs ſur le compte d’un Etre qui n’exiſte que dans leur imagination, & qui ne s’eſt fait connoitre que par les ravages, les diſputes & les folies qu’il a cauſés ſur la terre.

Dans l’origine, les nations ſauvages, féroces, perpétuellement en guerre, ont ſous des noms divers adoré quelque Dieu conforme à leurs idées, c’eſt-à-dire, cruel, carnaſſier, intéreſſé, avide de ſang. Nous retrouvons dans toutes les Religions de la terre un Dieu des armées, un Dieu jaloux, un Dieu vengeur, un Dieu exterminateur, un Dieu qui ſe plaît au carnage, & que ſes adorateurs ſe ſont fait un devoir de ſervir à ſon goût. On lui immole des agneaux, des taureaux, des enfants, des hommes, des hérétiques, des infidèles, des rois, des nations entieres. Les ſerviteurs zèlés de ce Dieu ſi barbare ne vont-ils pas juſqu’à ſe croire obligés de s’offrir eux-mêmes en ſacrifice à lui ? Par-tout on voit des forcenés qui, après avoir triſtement médité leur Dieu terrible, s’imaginent que pour lui plaire, il faut ſe faire tout le mal poſſible, & s’infliger en ſon honneur des tourments recherchés ! En un mot, par-tout les idées ſiniſtres de la Divinité, loin de conſoler les hommes des malheurs attachés à leur exi-