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telligent, & non d’une nature dépourvue d’intelligence. Quoique rien ne ſoit plus rare que de voir l’homme faire usage de cette intelligence, dont il paroît ſi fier, je conviendrai qu’il eſt intelligent, que ſes besoins développent en lui cette faculté ; que la société des autres hommes contribue ſur-tout à la cultiver. Mais dans la machine humaine & dans l’intelligence dont elle eſt douée, je ne vois rien qui annonce d’une façon bien préciſe l’intelligence infinie de l’ouvrier à qui l’on en fait honneur ; je vois que cette machine admirable eſt ſujette à se déranger ; je vois que pour lors ſon intelligence merveilleuſe est troublée, & disparoît quelquefois totalement : je conclus que l’intelligence humaine dépend d’une certaine diſpoſition des organes matériels du corps, & que, de ce que l’homme eſt un être intelligent, on n’eſt pas plus fondé à conclure que Dieu doit être intelligent, que de ce que l’homme eſt matériel, on ne ſeroit ſondé à en conclure que Dieu eſt matériel. L’intelligence de l’homme ne prouve pas plus l’intelligence de Dieu, que la malice de l’homme ne prouve la malice de ce Dieu dont on prétend que l’homme eſt l’ouvrage. De quelque façon que la Théologie s’y prenne, Dieu ſera toujours une cauſe contredite par ſes effets, ou dont il eſt impossible de juger par ſes œuvres. Nous verrons toujours réſulter du mal, des imperfections, des folies, d’une cause que l’on