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que de bannir ces notions de la tête d’un homme qui en ſeroit imbu depuis ſa plus tendre enfance.

§ 36.

On nous aſſure que les merveilles de la nature ſuffiſent pour nous conduire à l’exiſtence d’un Dieu, & nous convaincre pleinement de cette importante vérité. Mais combien y a t-il de perſonnes dans le monde qui aient le loiſir, la capacité, les diſpoſitions néceſſaires pour contempler la nature , & méditer ſa marche ? Les hommes, pour la plupart, n’y font nulle attention. Un payſan n’est aucunement frappé de la beauté du ſoleil qu’il a vu tous les jours. Le matelot n’eſt point ſurpris des mouvements réguliers de l’ocean, il n’en tirera jamais d’inductions théologiques. Les phénomenes de la nature ne prouvent l’exiſtence d’un Dieu, qu’à quelques hommes prévenus, à qui l’on a montré d’avance le doigt de Dieu dans toutes les choſes dont le méchaniſme pouvoit les embarraſſer. Dans les merveilles de la nature, le Phyſicien ſans préjugés ne voit rien que le pouvoir de la nature, que les loix permanentes & variées, que les effets néceſſaires des combinaiſons différentes d’une matiere prodigieuſement diverſifiée.


§ 38.

Est-il rien de plus ſuprenant que la logique de tant de profonds docteurs qui, au lieu d’avouer leur peu de lumieres ſur les agents