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Rien de plus onéreux & de plus ruinent pour la plupart des nations, que le culte de leurs Dieux. Pat-tout leurs Ministres , non seulement constituent le premier ordre dans l’Etat , mais encore jouissent de la portion la plus ample des biens de la Société , & sont en droit de lever des impôts continuels sur leurs concitoyens. Quels avantages réels ces , organes du Très-Haut procurent-ils donc aux peuples pour les profits immenses qu’ils en rirent ? En échange de leurs richesses & de leurs biensaits , leur donnent-ils autre chose que des mystères , des hypotheses , des cé rémonies , des questions subtiles , des querel les interminables que très - souvent les Etats sont encore obligés de. payer de leur sang ?

§ 175.

La Religion , qui se donne pour le plus ferme appui de la morale , lui ôte évidem ment ses vrais mobiles pour leur substituer des mobiles imaginaires , des chimères in concevables qui , étant visiblement contrai res au bon-sens , ne peuvent être crus serme ment par personne. Tout le monde nous as sure qu’il croit sermement un Dieu qui ré compense ôc punit : tout le monde se dit persuadé de l’existence d’un enser &c d’un pa radis ; cependant voyons’ nous que ces idées rendant les hommes meilleurs , ou contre balancent dans l’esprit du plus grand nom bre d’entre eux , les intérêts les plus légets ? Chacun nous assure qn’il est effrayé des ju-