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§ 5.

Tout système Religieux ne peut être son-, dé que sur la nature de Dieu & de l’homme, & sur les rapports qui subsistent entre eux ; mais pour juger de la réalité’ de ces rapports, il saudroit avoir quelqu’idée de U nature di vine : ot tout le monde nous crie que l’es-, sence de Dieu est incompréhensible ’ pour l’homme , en même tems qu’on ne cesse d’afis signer des attributs à ce Dieu incompréhenliole , & d’assurer que l’homme ne peut se dispenser de reconnoître ce Dieu impossible à concevoir.

La chose la plus importante pour les hom mes est celle qu’ils sont dans la plus parsaite impossibilité de comprendre. Si Dieu est in compréhensible pour l’homme , il sembleroir, raisonnable de n’y jamais songer ; mais la Re ligion conclut que l’homme ne peut sans cri- ; me cesser un instant d’y rêver.

§ 6.

On nous dit que les qualités divines n»’ sont pas de nature à être saisies par des esprits bornes ; la conséquence naturelle de ce prin cipe devroit être que les qualités divines ne íbnt pas saites pour occuper des esprits bo*iiés ; mais la Religion nous assure que des esprits bornés ne doivent jamais perdre de vue un être inconcevable , dont les qualités ne peuvent Etre saisies par eux. D’où l’on ’ou que la Religion est l’art d’occuper les esprits