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vous êtes appelés à voter, mais sur le mémoire qui vous a été apporté à cette tribune. (Très bien ! très bien ! à Gauche.)

Qu’y a-t-il dans ce document ? J’en retiens deux idées. La politique de parti a fait son temps ; il faut un régime nouveau. Eh bien ! je n’hésite pas à le dire, je suis pour la politique de parti ; avec Gambetta, j’estime qu’on ne gouverne qu’avec son parti. Il est vrai que M. le général Boulanger ne voit dans un parti que le groupement de certains intérêts secondaires.

Heureusement pour eux, le parti monarchiste, le parti bonapartiste lui-même et le parti républicain peuvent se réclamer d’autres titres. (Très bien ! très bien ! à Gauche.) Et c’est pour quoi, je demande pardon de le dire, mais il faut, en vérité, que le parti royaliste ne se sente guère de fierté au cœur pour souscrire à un pareil langage. (Applaudissements à Gauche.)

M. le duc de La Rochefoucauld-Doudeauville prononce quelques paroles qui se perdent dans le bruit.

M. Clémenceau. — Le parti républicain a une longue et douloureuse histoire. (Bruit à Droite). Tous ici nous revendiquons, dans la bonne comme la mauvaise fortune, la solidarité républicaine. Nous acceptons même la solidarité de nos fautes, précisément parce que nous sommes un parti et tenons à honneur d’être un parti.

On vous dit : « Dispersez-vous, monarchistes ; abdiquez, républicains qui avez souffert l’exil et affronté la mort pour vos idées : voici un homme qui vous réunira tous, dans un parti nouveau et unique qui sera le parti démocratique. »

Le parti démocratique, nous sommes et nous en serons toujours : il n’est pas nécessaire de le fonder.

On a raillé le régime parlementaire, on a trouvé étrange que 500 hommes, discutant les plus graves problèmes sociaux, ne les résolvent pas tous par enchantement.

Les plus grands esprits ont étudié ces questions sans pouvoir les résoudre, et on s’aperçoit avec étonnement que, sur tous ces points, nous ne sommes pas d’accord.

Mais ces discussions qu’on nous reproche sont notre honneur (Vifs applaudissements au Centre et à Gauche), elles prouvent notre ardent désir de nous éclairer et de faire triompher les solutions les plus justes. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

Oui, gloire aux pays où l’on discute, et honte aux pays où l’on ne parle pas. (Applaudissements au Centre et à Gauche).

Vous voulez toucher au parlementarisme ; mais le parlemen-