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Toulouse, de Nancy, de Lyon, d’Aix, de Lille, de Bordeaux, de Rennes, d’Alger, etc.



Le défi d’Anatole de La Forge

Cependant, tout fiers des succès électoraux qu’ils avaient surpris dans deux départements, aux bénéfice de leur chef, les boulangistes prétendaient que Paris aussi leur donnerait la majorité, si on le consultait. Avisé de cette fanfaronnade, le citoyen Anatole de La Forge, député de la Seine et vice-président de la Chambre, adressait aussitôt la lettre qu’on va lire au directeur de l’Intransigeant :

Paris, le 25 avril 1888.
Mon cher Rochefort,

Vous mettez au défi les députés de la Seine de se présenter devant les électeurs afin que ceux-ci puissent se prononcer entre la politique de leurs élus et celle de M. le général Boulanger.

J’accepte votre défi aux conditions suivantes :

1o M. le général Boulanger lui-même se portera candidat contre moi ;

2o Il viendra en personne dans les réunions publiques faire connaître et développer son programmes contradictoirement avec le mien ;

3o M. le général Boulanger prendra l’engagement de répondre nettement à toutes les questions d’ordre politique, économique et social qui lui seront adressés, ainsi qu’à moi pendant la durée de la période électorale ;

4o Enfin, comme vous vous y êtes engagé ce matin, si j’ai bien compris l’Intransigeant, vous et vos amis politiques payerez les frais de l’élection que ma modeste situation de fortune ne me permet point de prendre à ma charge.

Dans ces condition, je suis prêt à donner ma démission de député de la Seine et à en appeler aux décisions de notre grand juge à tous — le suffrage universel.