Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
LE BATAILLON DE CYTHÈRE

anecdotes à l’appui, le genre de vie que mène l’État-major de l’armée du Vice : il faudrait pour cela citer tel nom, décrire tel hôtel, tel boudoir… et se voir ensuite traîner sur le banc d’infamie par ces dames, car aucune d’elle n’acceptera d’être incorporée dans cette armée ; elles sont semblables en cela à une de leurs inférieures qui s’écriait :

— Je veux bien me traiter de vache, mais je ne veux pas qu’on me le dise.

C’est tout au plus si elles consentent à accepter les noms si doux sous lesquels on les désigne aujourd’hui.

La situation acquise est assez facile à conserver jusqu’à un certain âge, notez que je ne dis pas jusqu’à un âge incertain ; il est de ces dames qui firent les beaux jours du second Empire et qui font encore les belles nuits de la troisième République.

À quel enchanteur doivent-elles le secret de paraître toujours jeunes aux yeux éblouis des générations qui se succèdent à leurs genoux ?

Le philtre est commun, bien que toujours efficace, la bêtise humaine suffit à ces dames pour les maintenir au rang qu’elles ont acquis ; la mort seule les fera oublier, mais avant de succomber elles auront lutté bien longtemps !

Elles savent si bien appliquer le dicton :

Où le père a passé, passera bien l’enfant !

Un peu de prévoyance est souvent nécessaire à celles qui veulent résister ; le luxe qui les pare est l’ingrédient indispensable à l’assaisonnement d’une beauté