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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

blissement] ouvert au no 18 de la rue Soufflot vient d’être fermé.

« Cet établissement avait pour enseigne : Ouvroir des filles repenties. »

Le propriétaire n’avait loué le local affecté à l’Ouvroir qu’à la condition que la décence, le bon ordre et la tranquillité régneraient dans la brasserie.

Le titre était prématuré.

Eh bien, mais, messieurs les propriétaires, voilà une occasion de sortir votre vertu ! Par référé, obtenez de vous séparer des brasseries qui font l’ornement des rez-de-chaussées !

Farceurs ! vous savez tout aussi bien que nous que ces boîtes à prostitution font plus de mal à vos enfants que la vue de la couverture de l’Amour à Paris, dont la lecture certainement dut bien dérouter les pions voleurs qui saisirent, eux, le livre suivant la formule : « Confisqué jusqu’aux grandes vacances ! »

Et cependant, ce serait œuvre pie que de les fermer, ces boîtes qui, seules, gagnent encore de l’argent, grâce à leur jeune clientèle ; les autres végètent, périclitent, ferment peu à peu. Entrez dans une de ces brasseries, il y a deux ans si bondées de consommateurs, emplissant les rues de leurs hommes-sandwichs, avec leurs affiches-réclames impudentes et impudiques. À peine dix consommateurs restés habitués, les femmes s’abrutissent, dorment sur les banquettes ou jouent au rams ou à la manille.

Et on se plaint ?… Mais notre fin de siècle me paraît si morale…