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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

trop vertueux s’il ne risquait quelques plaisanteries… manuelles, dont on ne se défend que faiblement ; en fin de compte, la pauvre courtière, séduite par les belles paroles et les airs engageants du client, cède, moyennant payement d’avance, à un entraînement bien naturel, — elle n’est venue que pour cela.

Quelques-unes travaillent à l’église, principalement en mai, aux cérémonies du soir : quittant le trottoir, elles pénètrent dans l’église, cherchent les coins sombres, se postant près des portes. Elles n’ignorent pas que la célébration des fêtes du mois de Marie attire autant de curieux que de fidèles, et elles espèrent entamer une affaire, soit pendant l’office, soit à la sortie.

Autour de la Bourse il en rôde toute une catégorie, pour la plupart casquées du bonnet blanc des petites bonnes, ceinturées du tablier ; elles Bavent que les coulissiers sont quelquefois généreux, et surtout qu’il y a une quantité innombrable de vieux dans ce quartier.

Et les bureaux d’omnibus ? Les plus fréquentés par ces voyageuses pour rire sont ceux de la Madeleine, du carrefour Châteaudun, de la Trinité : les affaires y sont actives sans être extraordinairement brillantes.

Voyez passer cette jeune veuve, aux longs voiles de crêpe l’enveloppant de la tête aux pieds, sans toutefois dissimuler une taille ronde et svelte, elle s’en va lentement, comme terrassée par un chagrin récent. Consolez-la, bon passant ! les temps sont durs, vous y parviendrez avec un demi-louis.

Si ce spectacle ne séduit pas la moraliste, qu’il [mot effacé] abandonne le trottoir pour l’allée om-