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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

travailleuses, habiles, exactes. Le soir venu, elles se prostituent pour augmenter le salaire quotidien. Pour quelles raisons ? quel est leur mobile ? Les unes par économie, par prévoyance, amassant ainsi pour pouvoir se trouver à l’abri du besoin dans leurs dernières années ; les autres pour subvenir à l’entretien d’un ménage trop lourd ; d’autres enfin pour pouvoir disposer de sommes plus fortes en faveur d’un amant peu scrupuleux.

Elles ne travaillent que le soir, celles-là ; il en est qui n’ont que l’apparence d’ouvrières ou de domestiques pimpantes, accortes et qui sont en réalité des prostituées enrégimentées et encartées, se souciant des ordonnances de police comme de leur premier amant, narguant les agents quand elles ne les obligent pas. Elles s’en vont à travers les rues, les boulevards, les places, les jardins, le nez au vent, les mains dans les poches de leur tablier ou de leur jaquette.

L’œil au guet, elle allume le vieux qui l’a suivie, se met à son pas, le laisse entamer la conversation, répond modestement, les yeux baissés, et se laisse finalement entraîner dans un hôtel meublé du voisinage.

D’autres, dédaignant ces préparatifs, s’en vont droit à la chambre du voyageur, de complicité avec les garçons, rétribués pour les renseignements qu’ils fournissent.

Le voyageur encore au lit, voit se présenter une courtière en toutes sortes de marchandises, mais qui, en réalité, n’en a qu’une à vendre ; elle se fait très aimable pour amadouer le client. Celui-ci serait par