Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
LE BATAILLON DE CYTHÈRE

une des filles qui avait mission de veiller sur elle,

À l’église, ce fut convenable, L’instituteur aurait voulu de la musique, mais le prix élevé l’avait fait réfléchir : il n’y eut que les prières des morts chantées en faux bourdon. Pendant toute la cérémonie, le bonhomme fut agité, à tout moment il se remuait, jetait des regards de côté, sans doute dans la crainte des scandales que ces filles devaient inévitablement provoquer.

Une odeur lourde, bizarre, où l’encens s’amalgamait au patchouli, à l’héliotrope blanc, prenait légèrement à la gorge…

L’instituteur poussa un soupir quand ce fut fini.

En route pour le cimetière, il dit au professeur, son voisin :

— Je crois qu’il est inutile de prononcer le discours. Avec ce monde… quelques mots suffiront.

Le 13 était presque plein ; le soir, beaucoup des habitués venaient finir de manger leur paye, et cependant il régnait comme un air de tristesse dans les deux salons.

Les Italiens dans leur coin jouaient plus lentement, en sourdine, des airs tristes. Madame était absente, couchée. Monsieur restait auprès d’elle. Anna, à la caisse, fronçait les sourcils, de temps à autre appelait une fille, semblait la réprimander, l’exciter du geste ; elles répondaient d’un mouvement triste, las, dans un état d’âme à ne pas pouvoir travailler…

— Ma parole… c’est désolant, bougonnait la sous-