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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

plein air, de la promenade en voiture, ces grandes voitures si bien suspendues, au bercement si doux. Une qui risqua une réflexion graveleuse fut vigoureusement chutée, par exemple.

Ébahis, les cochers ricanaient, se jetaient des coups d’œil en rigolant ; observateurs de tous les genres de clients qu’ils voiturent, ils avaient deviné à quelle institution appartenaient leurs clientes.

On arrivait… En voyant débarquer ce couvent, l’instituteur eut un geste d’effroi indigné. Ces filles chez lui ! dans sa maison ! auprès de ses élèves !!! Il eut un instant l’envie de faire rentrer dans leurs classes les élèves qui étaient déjà formés en cortège ; le maintien modeste des pensionnaires de Madame le rassura à demi ; il n’en garda pas moins une mine extrêmement contrariée et fut très raide avec le père et la mère.

Sous le porche, transformé en chapelle ardente, le petit corps attendait. Le maître des cérémonies annonça :

— Quand la famille voudra !

Monsieur avait amené un intime ; ils se placèrent derrière le char ; aux quatre coins pendaient des cordons, des enfants les prirent, l’air gauche, et le cortège se mit on marche. Derrière Monsieur et l’intime marchaient les élèves, par classes, suivi des pions réquisitionnés, puis l’instituteur, avec le professeur de la classe du petit mort ; et enfin ces dames, toujours pilotées par Anna. Madame, trop faible pour marcher, était restée dans une voiture à galerie argentée, avec