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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

tuteur ; Monsieur et Madame allaient du reste partir pour revoir encore une fois le pauvre petit avant la mise en bière.

— Anna, j’ai confiance en vous, dit gravement Monsieur, je vous confie la maison à gérer pendant mon absence ; je suis sûr que vous veillerez comme pour nous.

— Monsieur peut compter sur mon zèle, répondit la sous-maîtresse.

D’ordinaire, les patrons s’absentaient sans une recommandation à Anna ; celle-ci crut trouver dans les paroles de Monsieur une promesse engageant l’avenir.

Ç’avait été décidé, ces dames assisteraient à l’enterrement, comme Anna l’avait prévu et annoncé le matin dès huit heures.

Les clients n’étaient pas attendus à cette heure matinale ; la maison se vida, laissée à la garde du garçon de salle.

Marchant deux par deux, graves, recueillies, pas trop fardées, ces dames, sous la conduite de la sous-maîtresse, semblaient des pensionnaires de ces institutions de charité dans lesquelles des femmes pieuses recueillent des abandonnées.

Les voitures attendaient au coin d’une rue désignée afin de ne pas éveiller l’attention. Correctes, elles montèrent sans un mot prononcé trop haut ; mais sous cette réserve et malgré la compassion pour le chagrin de cette pauvre Madame, si éprouvée, se lisait sur leur visage une joie débordante de jouir du