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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

Un peu impatienté de se voir incompris à demi-mot, l’instituteur insista :

— … Les obsèques !

Mais à ce mot, la mère redoubla de sanglots. Il se leva tout à fait irrité et, pour laisser passer le flot, se mit à marcher de long en large : de temps à autre ses épaules s’agitaient, secouées autant par un frisson rapide que par l’ennui de voir que la scène menaçait de se prolonger indéfiniment.

Il prit un parti.

— Il ne faut pas tant pleurer, Madame, fit-il doctoralement, vous vous épuiserez sans rien changer à ce qui est.

La femme, par une docilité qui fait le fond de ces natures de filles, s’arrêta de sangloter, ses larmes coulèrent sans effort, elle les essuyait lentement, se tamponnant la figure à petits coups de mouchoir pendant que l’instituteur, scandant ses mots comme pour bien les lui faire entrer dans la cervelle, débitait son discours :

— Dans la triste circonstance, je comprends que vous ne soyez pas en état de juger sainement ce qu’il conviendrait de faire ; ne pensez-vous pas qu’il serait préférable de vous en rapporter complètement à moi ? J’ai déjà dû m’occuper des premières formalités à remplir, il suffirait d’une simple signature de votre part…

Elle fit : Oui, de la tête, incapable de parler.

Il ajouta :

— Je ferai de mon mieux — troisième classe, n’est-