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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

la chambre où se trouvait enfermée la dame en compagnie de la marquise.

Pénétrant brusquement dans la pièce, le sourcil froncé, sa main caressant la crosse d’un mignon revolver qu’il avait emporté à tout hasard, il s’élança… et dut faire un violent effort pour éviter de déranger en tombant dessus l’harmonie d’un tableau…

 

Sa fureur s’éteignit immédiatement et ce fut le sourire aux lèvres, le chapeau à la main, dans un salut correct, qu’il adressa à ces dames le plus gracieux des :

— Ne vous dérangez pas, je vous en prie.

Mais, chose inattendue (il était écrit que la scène tournerait au tragique), la marquise se redressa d’un bond et, devinant la situation en partie double de sa maîtresse, elle tomba sur la pauvre fille et lui administra une de ces admirables paires de gifles qui font tourner les têtes les plus solides.

Il fallut que le vicomte exhibât le fameux revolver pour obtenir un peu de tranquillité de la part de notre noble dame, qui se soulagea alors par une bordée d’injures dignes de ses aïeux qui avaient acquis la fortune à laquelle elle doit son titre en criant dans les rues :

— Ferraille à vendre !

Il ne faudrait cependant pas trop blâmer ces malheureuses filles de chercher un remède à l’ennui qui les ronge « au sein de leurs plaisirs », dirait la chanson, hors de la compagnie d’individus d’une condition