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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

couturières ou modistes. Dans la maison, la mise en scène est complète, il y a des étoffes, des travaux en train. En réalité, c’est un lieu de débauche où, sous prétexte d’un travail lucratif, on entraîne des jeunes filles qui ne tardent pas à se prostituer… Il y a encore les tapissiers qui installent des filles dans des appartements loués, meublés par eux, et qui touchent un prix de location quotidien destiné à former un prix de vente après complet payement… Que de types, depuis la marchande à la toilette encore misérable, tendant la main pour recevoir le prix de son ignoble accointance, ou prêtant, moyennant loyer, quelques pauvres accoutrements à une prostituée de ruisseau, jusqu’à l’opulente proxénète qui peut, en un clin d’œil, transformer en une fastueuse courtisane la fille indigente qu’elle a corrompue et à laquelle elle vendra ou louera pièce à pièce et à des prix fabuleux, son linge, ses vêtements et ses meubles !… »

Ces dames ne peuvent malheureusement se passer de cet horrible intermédiaire, souvent encore moins laid de figure que d’âme et ce n’est pas peu dire ! mais enfin, puisque la réussite est à ce prix !… L’instillation a lieu en grande pompe, et il y a présentations aux collègues, réceptions, etc…

Entre elles, ces dames de la haute noce se jalousent âprement. On trouverait encore, en cherchant bien, quelques exemples de solidarité dans la masse des filles publiques, qu’il est impossible d’en citer un dans le bataillon de Cythère. Un point de ressemblance plus rapproché entre les deux camps, c’est l’amour du