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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

II

LES PROXÉNÈTES — LE RECRUTEMENT — LE LANCEMENT

Le recrutement s’opère de différentes façons dans les trois classes de l’armée du Vice ; tandis qu’il suffit au simple soldat de descendre dans la rue… et d’exercer, l’enrôlement demande plus de formalités dans le clan des horizontales. Il ne suffit pas d’être jolie — il n’est même pas nécessaire de l’être extrêmement — pour faire partie du corps spécial si judicieusement nommé « Bataillon de Cythère » par les annalistes de ce bataillon ; un peu, un tant soit peu, de vivacité dans l’esprit, un minois pas par trop banal, une taille avantageuse et surtout beaucoup de belles relations, voilà tout ce qu’il faut à la postulante qui aspire à devenir une étoile de la galanterie.

Que le hasard — surtout favorable à ces dames — veuille qu’elle tombe sur un bon garçon suffisamment pourvu de ce qu’on nomme le nerf de la guerre, et le lancement de l’étoile aura lieu dans des conditions permettant d’espérer une longue suite d’amours productives.

Ces rencontres n’ont cependant pas lieu au coin des rues, il y a presque toujours un trait d’union qui apparaît au moment propice, sous la forme d’une proxénète.

« Les plus habiles proxénètes dissimulent leurs manœuvres sous l’exercice apparent d’une profession où l’on emploie des ouvrières. Par l’enseigne, elles sont