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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

Il y a bien la caserne, autrement dit le gros numéro, mais alors elle ne serait plus libre.

Le souteneur, dont nous nous occuperons d’une manière plus étendue tout à l’heure, est d’institution aussi ancienne que la fille. Nous ne voulons pas faire d’érudition à coups de bouquins remués à tort et à travers, en tirer des citations tronquées ou dénaturées, comme se le permet l’auteur de plusieurs études de ce genre, où l’inexactitude le dispute à l’imbécilité ; nous ne donnerons pas au lecteur la monographie fastidieuse du souteneur depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours.

Constatons seulement qu’il existe, c’est suffisant ; constatons aussi que le supprimer serait chose presque facile si l’autorité montrait à son égard une rudesse dont personne, sauf, les intéressés, ne saurait la blâmer.

Peu de femmes échappent à la loi du souteneur, surtout dans les quartiers excentriques, celles qui ne se prostituent que le soir, après leur travail, ont parfois pour protecteur un individu dont la manière de voir est semblable à la leur : c’est un ouvrier économe, peu buveur, évitant les querelles, les batailles, n’intervenant auprès de sa marmite que dans les cas extrêmes… Ils finissent par s’épouser et s’établir avec les fonds recueillis pendant les années de travail.