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Le uoyage des Princes


touſiours croire que quoy qu’il vous aueint, ie ne ſerois point du tout fruſtré de ma douce part de l’affection que voſtre cœur me doit ; Et que la beauté de voſtre entendement trouueroit moyē de m’appaiſer par raiſon, & me conſoler honorablement. Ceci fut l’occaſion de mes perturbations ordinaires, & croyant ſans le croire qu’vn autre eut obtenu ce que i’eſperois, ie me reſolvois à ſupporter ceſte diſgrace, à quoy i’eſtois preſque deſia tant faconné, que voſtre contentement tel que ie l’imaginois eſtoit le mien, & m’eſtimois comme heureux de penſer que ie vous voyois en vne mer de plaiſirs : Ceſte fantaiſie auoit deſia tellement tranſmué mon cœur & changé mes deſſeins, que mon amour ayant conſulté auec la raiſon, eſtoit preſt de ſe tranſformer en vne amitié ſi parfaite, que les choſes ayans eu effait en l’ayant recognue l’euſſiez acceptee, & contrainte n’euſſiez point eſtimé voſtre contentement eſtre accompli, ſans ceſte particularité, qui euſt eſté de m’aymer de meſme, pour en ceſte vnité de bien-vueillance, conſtituer l’vnique belle Affection. Cliambe. Ceſte nouuelle comme vous la dites, eſtoit toute autre que ce qui ſe paſſoit, & i’en demande pourtant pardon à l’Amour & à vous, ſi vous le deſirez : Il eſt vray & ie vous le dis comme il en va, que le Prince des Hoſpiſtes me veint voir, & non celuy que vous dites, qui n’eut pas eſté mieux receu, d’autant que l’vn ny l’autre n’eut peu eſtre accepté de mon cœur, mon deuoir me fit receuoir ce Prince auec honneur, à quoy i’adiouſté l’artifice, luy faiſant en apparence de