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Fortunez. Entreprise III


par audace & fortune ſubiugoit auſſi toutes les terres d’enuiron. Elle ayant ouy le recit que l’on faiſoit des perfections de ces amans voulut les voir, & pour cet effect les enuoya querir, & ils luy furentamenez. Ceſte Royne fort eſiouye de la preſence de deux ſi beaux obiects, commanda reſte du ioury fuſt paſſé en eſbats & böne chere. Le fils de la Royne qui eſperoit ſ’aſſeoir ſur le throſne de ce Royaume apres elle, ayant veu la belle fiancee s’en rendit ſi paſſióné d’amour, que ſon cœur eſmeu & tout outré cuidoit perir d’im patience. Il ſortit du bal, va entretenir ſes pen ſees, mais ſon mal augmentoit, ſi que trop eſ poinçöné de ſon deſir ne ſceut autre remede que de s’en deſcouurir à ſa mere qui eſtoit en ſon ca binet paſſant ſur quelques affaires : il vint l’y trouuer, elle quileua lesyeux l’auiſant fort pen ſif, luy dit : Qu’auez-vous Halicambe ? Madame, dit-il, ie ſuis en peine pour ceſte belle Aderite, car ie penſe que ie ne pourray viure ſi ie ne l’ay, & m’eſt aduis que bien que ſon fiancé ſoit beau, ſi ne merite-il pas de l’auoir, eſtant ceſte belle digne d’vn Prince. GAR oN 1N c E. N’y a-il que cela qui t’ennuye ? ne t’atriſte point, tu l’au ras à ton plaiſir. Incontinent elle ſortit de ſon cabinet, & vint en la ſale du bal, où elle s’arreſta vn peu, puis prenant la fiancee la mignarda vn †, & l’emmena en ſa chambre, où eſtant elle’a tira pres de ſoy, & luy dit : Mamie, vous eſtes ſi belle que i’ay pitié de vous, que vous n’eſtes donnee à vn homme de plus grand’ſorte & me—. rite que celuy que vous penſez eſpouſer ; I’ay


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