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Fortunez. Entreprise III


pour l’honneur de celle qui guide les puiſſances de mon eſprit.

ce qui eſt de grandeur, de beauté, de ſageſſe,
Eſt en l vnique obiet, honsré de mon cœur,
Auſsi rien n’eſt parfait que ma Belle maiſtreſſe
Dont les merites ſont des merites l’honneur.
Ces beaux yeux sot des feux döt la ſource eternelle
De lumiere fournit l’vniuerſel flambeau,
Son front de majeſté eſt le parfait modelle
Sur lequel eſt formé tout ce qui eſt de beau.
Sa bouche eſt des deſtins la profeteſ ſainte,
Sur ſes leures touſîours ſe ſied la verité,
Et ſon ame qui tient toute autre ame contrainte,
Va reduiſant tous cœurs ſelon ſa volonté.
D’vn cœur humilié d’vn courage ſincere,
Ie la vay recherchant en mes deuotions,
Telle eſt ma pieté, car ce ſeroit mal faire
De n’aymer & ſeruirtant de perfections.
Royne des volontez receuez ce ſeruice
De l’eſprit qui ſans vous l’amour n’eſtimeroit,
Et iugex aux effaits de l’humble ſacrifice
Du cœur qui volontiers pour vous s’immoleroit,

A ce propos fut mis en auant le ſeruice qu’on doit aux Dames, & chacun propoſoit le deſir qu’il auoit à ſeruir ſa maiſtreſſe : Et là deſſus Se rafiſe accorte entre les belles, parfaite entre cel — les qui ont de l’entendement, & galante entre celles qui ſcauent bien dire, ſe prit à raconter ſa ropre fantaiſie, où la fantaiſie qui la faiſoit par † Il y a dit-elle en ceſte court, vn perſonnage qui eſt fort accompli, & qui diſcourât auec moy me façonna le diſcours, pour r’abatre les beaux & auantageux propos de ces Amans, qui n’ont


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