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Le uoyage des Princes


ie croi que c’eſt la courtoyſie du païs qui le vous fait dire, car autrement il n’y a point d’aparence veu que vous ne ſçauez qui ie ſuis. Vivarambe. Mon propre deuoir me fait parler de la ſorte La Belle. Quel deuoir auroit vn braue cheualier, vers la fille d’vn pauure marchand. Viv. Ie ne prens point cognoiſſance ſi vous eſtes fille de ce marchand, ie n’ay eſgard qu’à la grace que i’ay deuant moy, qui promet plus que d’vne ſimple Damoiſelle. La Belle. Puis que vous auez ſi bonne opinion de moy, ie ne veux pas perdre ce hazard ; & puis à vous voir i’eſtime a uoir ouy parler de vous. Vivarambe. Et bien voila vne belle feinte. La Belle. Monſieur, permettez moy de me retirer, puis que vous deſchees de la bonne penſee que vous aués de moy, eſtimant que i’vſe de feinte. Vivar. Ces traitz partent de trop d’eſprit. Non ie ne vous permettray rien, ains tant que ie pourray ie vous forceray par courtoiſie, afin de ſçauoir vos affaires pour vous y ſeruir. La Belle, Pourquoy m’eſtes vous ſi fauorable ? Vivar. Pource que ie ſuis ſeruiteur des Dames & que ie deſire leur faire vn ſignalé ſeruice en vous ſeruant. La Belle, Puis que vous m’aués tāt obligee, ie vous ſupplie qu’il vous plaiſe nous faire l’honneur de nous voir à l’hoſtellerie, & ie vous racōteray vne nouuelle merueille en vous faiſant voir pluſieurs raretez. C’eſtoit icy le temps oportun de prēdre congés où ils approchoient du logis où le marchand entra auec ſon train, & les Fortunés le recommenderent à l’hoſte & promirent de venir Voir la marchandiſe apres midy : Cette belle Da-