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Le uoyage des Princes


chercher, mais cōment auriez-vous agreable que de pauures eſtrangers fuſſent à vous ? L’Emp. Ie ne vous tien point pour eſtrangers, car les vertueux ſont à moy cōme ie ſuis à eux, & i’ay agreable que vous ſoyez aupres de moy, & ie vous tiendray cōme bons amis, ie vous prie que celà ſoit. La Fee prit le ſoin de les faire loger, & cependant les mena à la fontaine, les rafraiſchir & conſoler de l’aduerſité qui leur eſtoit ſuruenuë.

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DESSEIN SIXIESME.


L’Empereur par vn ſecret endroit venoit eſcouter les Fortunez, & il les entendit parler de diuerſes choſes dont il voulut eſtre aſſeuré & pource les uint uoir. Ils interpretent leur dire, & l’auiſent d’vne trahiſon contre luy.



LEs Fortunez arreſtez auec ce Monarque, faiſoient tous les iours voir des gentilleſſes de leurs perfections, meſmesés plus exquis exercices de la Court, tellemēt qu’en peu de temps ils tindrent rang entre les plus accomplis qui en faiſoient beaucoup d’eſtat. L’Empereur accort en ſes affaires deſirant cognoiſtre ce que ces ieunes gens auoient en l’ame, leur donna vne petite appartenance de pauillon où ſeuls ils demeuroyent auec leurs ſeruiteurs, car il leur donna train honneſte. Or la ſale où ils prenoient leur repas eſtoit ſur le iardin, & y auoit vn artifice qu’ils n’auoient pas apperceu, vn cabinet, dans lequelon alloit par