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fortunez. Entreprise II.


que vous me preſentez, ie ne vous ſupplie point de m’en excuſer, car vous ſçauez que ceſte charge me fuyt autant que le gouuernement des Lyons eſt eſloigné de l’Empire du Fourmis, parquoy pardonnez-moy, ſi ie penſe que ce n’eſt point à moy que vous en ayez parlé. Et puis ie recognoy auec tout le mōde que la felicité de ce Royaume eſt voſtre preſence & ſoin ordinaire, & d’auantage, quoy qu’il vous ſoit agreable de m’en dire, l'œil de vos penſees eſt ſur mon aiſné, quand voſtre decez aduiendroit, & ie prie Dieu auec tous vos ſubiects, qu’il ſoit perpetuellement reculé : & pour ce ie ſeray treſ-heureux que voſtre bon plaifir ſoit que ie demeure en l’eſtat conuenable a ma petiteſſe, & lequel me ſera bien ſeant au rang que ie dois tenir. Le Roy ne faiſant aucun ſemblant de ce qu’il penſoit de ceſte reſponſe, le renuoya faiſant de meſme venir le troiſieſme, qu’il tenta ainſi. Viuarambe deſirant me donner vn peu de repos, & me recueillir auecvn petit de patience, pour recreer mes forces abatuës du trauail ordinaire, & m’eſiouyr de quelque tranquilité, ie veux vous donner ma lieutenance, afin que vous vous façonniez aux affaires ce pendant que i’enuoye vos freres à la conqueſte de l’iſle d’Ofir, que i’ay enuie dés lōgtemps de ioindre à ma domination : Aduiſez doncques à me ſoulager dignement, & vous y diſpoſer tant pour voſtre aduancement, que pour mon repos : ayant ceſte entree, vous fet rez des amis & aurez de grands ſupports, tellemēque vous pourrez vous eſtablir & empeſcher la violence § vos freres, s’ils vouloient vn iour vo° opprimer, tellement que le credit que vous ac-


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