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Le uoyage des Princes


mal & des remedes monſtra à la medecine l’endroit plus grief où ſa douleur l’offençoit le plus, l’ayant viſité & touché luy dict, Mamie, ie cognoy que voſtre mal ira en grand longueur, & ſera d’vne conſequence fort faſcheuſe, ſi vous n’y prouuoiez, & n’i a qu’vn moien de reſtituer voſtre ſanté, lequelie vous dirai ſecretement, comme auſſi il faut qu’il ſoit ſecretement executé, ce moien eſt vn cautere actuel qu’il vous faut appliquer au muſcle reſpondant à ceſt endroit, ce cautere ſera d’vne piece plate que i’appoſerai moi meſme, & auſſi toft voſtre douleur ceſſera ſans plus retourner, & n’i a autre remede. La deſolee malade fut en grande perplexité n’aiant point enuie d’i condeſendre, mais penſant a ſa douleur tant forte, qui ſans relaſche la conduiroit iuſques au tombeau, ſe delibera, toutesfois elle lui dict, Helas ! ma bonne mere, ce mal ne peut-il eſtre autrement guari, pourrai-ie endurer la violence de ce feu ? Lycambe. Le feu de ſoi eſt ſi pur, qu’il paſſe auſſi toſt, & ne laiſſe point de maligne impreſſion, & puis la platine eſt d’or, qui eſt vn metal gracieux, aduiſez y, il y a bien de la difference entre vne douleur momentaire, & vne inquietude douloureuſe qui ne finit point, & conuient que vous preniez viſtement auis par ce qu’il me faut bien toſt aller où i’ay affaire pour le faict de l’Empereur. Apres pluſieurs petites difficultez, la Fee s accorda, parquoy Lycambe s’eſtant enfermee ſeule auec elle, fit chauffer ſa platine, & ayāt fait paroiſtre au iour la belle cuiſſe, remarqua l’endroit où il falloit poſer le feu, & voyant ceſte rondeur potelee qui rioit aux appetits d’amour, auoit preſque regret d’executer ſon entrepriſe,