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fortunez. Entreprise I.


fort ingenieuſement elabouree polie & nette par dedans, ayant les bords fort vnis, & la poſerent horizontalement ſur vne table bien aſſiſe. Ce vaiſſeau eſtoit plus long que large : Ils leuerent le Lyon par le moyen d’vne ſangle de ſoye cruë (laquelle dure longtemps incorruptible) à laquelle il eſtoit attaché en balance, & par le moyen d’vn beau polypaſton, le hauſſoient & baiſſoiét imperceptiblement, l’ayāt diſpoſé ſur l’ouuerture du vaiſſeau lequel eſtoit plein d’eau de fontaine bien claire, ils le laiſſerent couler dedans peu à peu, l’y deualant tant qu’il fut tout caché en l’eau, & qu’il n’en ſortit plus, car l’eau ſortoit à meſure que le Lyon y entroit, apres que l’eau fut ſans mouuement, qui meſmes auoit eſté imperceptible, ils releuerent le Lyon le laiſſant ſuſpēdu, afin qu’il s’eſgouſtaſt au vaiſſeau, puis ils oſterent ce Lyon & y mirent l’autre, lequel eſtant coulé en l’eau y tint autant de place : De là le Roy meſme iugea qu’ils eſtoient égaux, quant à l’eau qui eſtoit ſortie & auoit eſté receuë en la baſe de la cuuette, elle fut coulee en vn vaiſſeau d’argent qui auoit deux poulces en quarré, & eſtoit fort long, deux poulces en quarré, c’eſt à dire, que le coſté du vaiſſeau eſtoit égal à la diagonale du quarré, ayant vn poulce de coſté : l’eau y eſtant, monſtra combien le petit Lyon auoit de poulces, & de lignes, les Fortunez nous l’auoient dit, mais l’ayant preſques meſpriſé, bien que l’euſſions eſcrit en vne tablette qui eſt en l’hermitage, nous n’auions pas penſé d’en raporter le memoire ſinō pour les curieux. Le Roy content des Fortunez leur fit de grands preſens, les laiſſa acheuer leur