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Mais la Vie accepta le défi sans rien craindre ;
Baldès eut beau hanter les sépulcres et peindre,
À l’effort de la veille ajouter un effort,
Quand Murillo trouva le saint Bonaventure,
Il fêta l’idéal sans trahir la nature,
          La Vie avait vaincu la Mort.

Baldès est le disciple et Murillo l’apôtre
Et, comme le premier est moins connu que l’autre,
Votre orgueil de touriste écrit complaisamment
Que vous avez su voir et décrire dans l’ombre
Deux têtes de Baldès que le fossoyeur sombre
          Dut dérober au monument.
 
Dans le plus désolé de tous les paysages,
Avec un ciel gris-vert où de fauves nuages
Passent, ensanglantés de rougeatres lueurs,
Souffle le vent qui geint aux fentes des ruines,
Quand sont enfin partis pour les villes voisines
          Les conquérants et les tueurs ;

Il caresse une tête exsangue et violette,
Belle encore ; elle fut de celles qu’on soufflette,
Dont on fait un trophée et qu’on pousse à l’égoût.