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Mais jamais on n’y mit autant de fantaisie ;
Ce ne sont que sermons, harangues et discours,
Réunions, congrès, conférences et cours ;
La borne, le balcon, la tribune et la chaire
Sont autant de jardins pour la langue en jachère.
Il y pousse des fleurs de toutes les couleurs
Et l’herbe parasite y pousse avec les fleurs ;
Dans les maigres terrains on en met de postiches.
Chez nous, rondeaux, sonnets, ballades, acrostiches,
Chants royaux, bouts-rimés, dizaines et triolets,
Étincellent en l’air comme des feux follets.
Est-ce un regain d’autumne ? est-ce une adolescence ?
Est-ce une décadence ? est-ce une renaissance ?
Une halte d’enfance aux portes du tombeau ?
Comme au temps de Vida, de Bèze et de Bembo,
Les amoureux discrets de la langue mystique
Pour la fine épigramme aiguisent le distique,
Catulle et le phaleuce ont leurs admirateurs
Et la strophe alcaïque engendre des auteurs ;
Il n’est pas d’imprimeur dont notre orgueil n’obtienne
Plus que des Elzevier, des Alde et des Estienne :
Claye, Alcan, Guiraudet, Didot, Jouaust et Plon,
Comme il convient aux dieux habillent Apollon ;
Pour Soulary Perrin a fait fondre des types
Et Poulet chez De Broise a trouvé ceux des Tripes.
Le nom de l’éditeur, à défaut de talent,