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Ne prit jamais ton cœur d’assaut, à la dragonne ;
Il semblait sans malice implorer ta pitié,
Mais avec le lien de la douce Amitié
Tout aussi bien que nous tu le tenais en laisse
Et notre pauvre ami cachait mal sa faiblesse.

Et nous, mon compagnon de jeunesse, étions-nous
Les plus sages ? — De vrai, nous étions les plus fous.
La soubrette fleurie et ses pommettes roses,
Pour mieux.vous agacer, vous rappelaient deux choses :
La pomme, — souvenir du Paradis perdu,
Et le teint de… cette autre, un soir qu’elle avait bu.

Que de fois pour ma part, agaçante soubrette,
Distrait de la Raison par ta brillante aigrette,
Tout le long de la route à ta suite entraîné,
J’ai pris pour te rejoindre un sentier détourné
Et, pour sacrifier à tes grâces futiles,
Cueilli sur les buissons quelques fleurs inutiles !
Le bon sens contre nous proteste par moments,
Mais il est avec lui des accommodements.
De quel ton cette fleur ? — J’aurais dit rouge, en prose ;
Mais, la Rime le veut, en vers la fleur est rose.
Un substantif dit tout, il est original,
Un bizarre adjectif va le rendre banal ;