Page:Le Vavasseur - Juvenilia, Lemerre, 1888.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

Volontiers, en ces jours glorieux et si tristes,
Tu te réfugiais chez les vaudevillistes ;
Aux chantres de la paix tu servais d’échanson
Et, faute de ballade, éveillais la chanson.
Vous fûtes bien reçue, ô servante ma mie,
Lorsque, pour le Caveau laissant l’Académie,
Vous chantiez au dessert et quand vous dérogiez
Avec Armand Gouffé, Piis et Désaugiers ;
Vous portiez lestement le bonnet de grisette
Quand Béranger vous vit et vous nomma Lisette ;
Vous l’avez bien servi, trop bien même souvent,
Mais vous n’en étiez plus au sortir du couvent.

Pour fuir cette maison un peu trop libertine,
Tu t’en allas un jour t’offrir chez Lamartine :
Tu l’as servi longtemps comme l’on srrt un roi,
Mais je doute qu’il ait jamais pris garde à toi.

Et pourtant derechef, ô faveur inouïe,
La fleur de ta beauté s’était épanouie :
Tu vis en ce temps, comme une divinité,
Renaître ta jeunesse et virginité ;
Comme aux jours de Marot, les faiseurs de ballades
À l’assaut de ton cœur tentaient des escalades ;
Le vieux siècle semblait renaître tout entier,