Tes jupons défraichis, parfois raccommodés,
Ne lui semblaient ni courts, ni vieux, ni démodés.
Marot t’eût renié, Ronsard t’eût trouvé triste
Et Malherbe bavard, ô Rousseau Jean-Baptiste !
Mais Laharpe t’excuse et t’admire parfois.
Ce Laharpe faisait deux choses à la fois ;
Il jugeait.et rimait, mais trouvait plus commode
De rimer pauvrement, puisque c’était la mode.
Ce n’est pas pour cela que le cygne picard,
Gresset, tenait la Rime un peu trop à l’écart,
Mais son ménage était un nid de plumes blanches
Qu’auraient pu déranger tes allures trop franches ;
Ton œil vif y pouvait paraître provocant
Et le son de ta voix insolite et choquant.
Ô Dorine, pardon ! mais tu n’es pas bégueule,
Je croisqu’il te trouvait un peu trop forte en gueule.
Ta gorge déployée et tes rubans au vent
Lui rappelaient Vert-Vert revenant du couvent ;
Quand la fanfare éclate entre tes dents sonores,
Je crois l’entendre dire : « Ah ! tu me déshonorés ! »
Il rougit en voyant voltiger sur ton bec
Quelque juron gaulois intraduisible en grec
Et, pour se dérober au démon qui fasciné,
Ferme l’œil et l’oreille en invoquant Racine.
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