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Ou quelques triolets, — ce jeu-là me connaît ;
Ah ! s’il ne s’agissait que d’inventer des rythmes
Ardus à débrouiller comme des logarithmes
Ou de faire sauter des propos enfantins
De syllabe en syllabe ainsi que des pantins ;
S’il fallait, sertissant une rime fluette,
La faire miroiter aux vers d’une bluette,
Je me mettrais gaiement à l’ouvrage : je crois
Pouvoir entrer en lutte avec les plus adroits.
Mais il ne s’agit pas de besogne menue,
Et pour chanter la Rime, il faut de la tenue.
Or, dans l’alexandrin, si solennel à voir,
Je suis aussi gêné que dans un habit noir.
Soldats disciplinés de la troupe des maîtres,
Glorieux vétérans, ô pompeux hexamètres !
Vous défilez, sans faire un seul pas hasardeux,
Tout le long du poème en marchant deux à deux ;
Dans le concert d’oiseaux où chacun chante à l’aise,
Vous représentez seuls la gravité française ;
Compassés, ennuyeux parfois, jamais légers,
Vous nous portez respect aux yeux des étrangers.
Ah ! puissions-nous en France, en poèmes féconde,
Voir nos alexandrins, jusqu’à la fin du monde,
Défiler au soleil de la postérité
Dans cette régulière irrégularité !