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Fais étendre au dessus de la table massive
Une nappe sans tache et sentant la lessive ;
Que ta femme et ta fille, en reines du festin,
Se mirent au métal de leurs couverts d’étain.
Prends sur les hauts dressoirs les faïences joyeuses,
Les saladiers, les plats et les assiettes creuses
Où, parmi des bouquets de toutes les couleurs,
Se pavanent des coqs plus rouges que les fleurs
Et qu’au verre irisé le cidre qui flamboie
Darde comme un éclair de lumière et de joie !
Fais chez toi le Dimanche et fête avec les tiens
Le repos de la terre et celui des Chrétiens.
Sois maître débonnaire et sur tes bancs rustiques
Donne, par rang d’honneur, place à tes domestiques ;
Fais asseoir deux ou trois voisins à tes côtés,
Mange, ris, trinque et bois avec tes invités
Et quand ils pèleront les poires et les pommes
Au dessert, librement laisse chanter les hommes,
Encourage les vieux sans oreille et sans voix
À conter longuement les contes d’autrefois.
Sois sans peur, ce n’est pas ici comme à l’auberge,
Devant ton jeune fils, devant ta fille vierge,
Tes gens, près du foyer sacré qui le défend,
Garderont le respect que l’on doit à l’enfant.