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Peut-il prendre à témoins la tempête et la nuit
Pour rester au foyer qui réchauffe et qui luit ?
Cherche-t-il un problème ? il lui faut à toute heure,
Le quitter pour bercer l’humanité qui pleure.

     L’humanité qui rit l’évite, il sent la Mort.

     Au moins, voit-il au bout de son constant effort
Poindre la Renommée et briller la Fortune ?
Fortune et Renommée aux champs gardent rancune.
Elles aiment la ville où sont les charlatans,
Mais fi de la campagne ! et si, de temps en temps,
On voit venir aux champs la fortune et la vogue,
C’est chez le débitant secret de quelque drogue ;
Quant au vrai médecin, s’il guérit, c’est un dieu,
Si le malade en meurt, un sot, point de milieu ;
Il faut que son programme en tout point s’accomplisse ;
Si le mal se prolonge, il en est le complice
Ou l’impuissant témoin ; c’est presque un assassin
Et l’on s’en va quérir un autre médecin.
Reste-t-il un sorcier ? c’est lui que l’on consulte !
Mystérieux attrait de la science occulte
Au nez des Vérités dont nous nous dépitons
Nons soufflons la chandelle et marchons à tâtons.
Le médecin dit vrai, le sorcier ment ; qu’importe,