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Pour déclarer la guerre à vos us coutumiers,
Vous apprendre à trousser galamment vos fumiers
Ou, dans de bons fauteuils pérorant tout à l’aise,
Vous conseiller la chaux pour assainir la glaise,
Détailler des sous-sols les divers éléments,
Réformer les labours et les assolements,
Sourire à vos efforts et, du haut de la chaire,
Philosophiquement supprimer la jachère ?
Sommes-nous des prêcheurs de pécheurs convertis
Un peu troublés par nous et fort peu divertis ?
Venons-nous seulement chicaner les ancêtres
Ou, méchants biberons, nous en prendre à nos maîtres,
Et faire rire au nez de nos enseignements
Les fins et grands gosiers des « pressouriers » normands ?
— Bonne santé, bonhômme, et que Dieu te bénisse !
Mais que prétends-tu faire avec cette génisse ?
Une large encolure, un cuir épais et fort,
Une cuisse dodue, un poitrail qui ressort,
Un poil rude couvrant des mamelles charnues !
De pauvres écussons et des veines menues !
Tu n’as donc jamais lu ni Magne ni Guesnon ?
— Oh ! pour cela, Monsieur, je vous réponds que non ;
Quand j’ai lu l’almanach, c’est tout le bout du monde ;
Mais ma race est connue une lieue à la rônde,
Et j’aurais des témoins, Monsieur, s’il le fallait,