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Mon voisin est-il donc un homme abominable
Que le mépris public isole sous son toit,
            Un lache que l’on montre au doigt ?
Non. Les honnêtes gens l’admettent à leur table ;
Il fait même partie, aux yeux des indulgents,
            Du commun des honnêtes gens.

Et qui donc oserait le charger d’anathèmes ?
Où sont les yeux ouverts qui ne s’endorment pas ?
            Où sont les cœurs ? Où sont les bras ?
Et, si nous voulons faire un retour sur nous-mêmes,
En est-il donc un seul parmi nous aujourd’hui
            Qui ne pèche un peu comme lui ?

Et pourtant, nul ne doit, au gré de sa paresse,
S’asseoir commodément parmi les spectateurs
            Pour rire ou pleurer des acteurs.
Nous sommes, mes voisins, les héros de la pièce
Et, soit que nous fassions les sages ou les fous,
            Le dénouement dépend de nous.

Dieu donne aux ouvriers qui remplissent leurs tâches,
Même à la fin du jour le pain quotidien,
            Aux paresseux il ne doit rien,