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Je crois que le brigand t’a frappé de son sabre,
Laisse-moi tirer l’homme et prendre le cheval.
            — Chut ! il ne m’a pas fait grand mal.

— Sais-tu ce qu’il faut d’or aux hordes ennemies ?
— Non, mais… — Pour assouvir la faim de ces pillards
            Où prendrons-nous cinq milliards ?
— Je paierai mon impôt sur mes économies,
Moi, j’économisais, lorsque tu dissipais.
            Faisons la paix ! Faisons la paix !

— Sais-tu bien qu’il leur faut l’Alsace et la Lorraine ?
Il reste un mot sublime à répondre : Jamais !
            — Faisons la paix ! Faisons la paix !
— Deux morceaux de ta chair, ô France ! — Qu’on les prenne
Et qu’on nous laisse ensuite en repos ; aussi bien,
            Je n’ai là-bas parents, ni bien.

La paix est faite. Hélas ! notre voisin n’a guère
De regrets ; il est calme, il a tout oublié.
            Il n’est pas même humilié ;
Il a choisi pour gendre, au sortir de la guerre
Un riche et vieux garçon qui, revenu perclus,
            Jure qu’on ne l’y prendra plus.