Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée


— L’avalanche grossit, elle roule, elle approche ;
Elle engloutit Paris qui se débat en vain
            Sous les obus contre la faim.
— Ah ! dit notre voisin en surveillant sa broche,
C’est un triste régal pour les Parisiens
            De manger des rats et des chiens.

— N’entends-tu pas gémir les mères de famille ?
Tous nos pauvres garçons sont partis, mais, hélas !
            Tous certes ne reviendront pas.
Y songes-tu, voisin ? — Bah ! je n’ai qu’une fille ;
Le Prussien féroce, on le tient pour certain,
            Est plus gourmand que libertin.

— Entends-tu le canon ? Nos Mobiles reculent.
Ô honte ! quelques-uns courent comme des fous !
            — Ce ne sont pas ceux de chez nous.
— La ville est envahie et les villages brûlent.
J’entends le lourd galop des chevaux… les voici !
            — Qui sait s’ils viendront jusqu’ici ?

— Ils y sont. Le cheval du hulan noir se cabre,
Le damné Prussien se cramponne à ses crins.
            S’il pouvait se casser les reins !