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Je ressens dans ma chair, d’un frisson parcourue,
            Le soubresaut de la charrue.


Je connais tes tourments, tes labeurs, tes ennuis.
            Quels jours ! Quelles terribles nuits,
Quand la tempête vient menacer du naufrage
            La cargaison et l’équipage,



Quand l’océan grondeur, fier et terrible à voir,
            Blanchit sous un horizon noir,
Quand tout-à-coup fermant l’abîme, la nuit tombe,
            Comme la lame d’une tombe,

Quand le flot engloutit les morts, quand les vivants
            S’en vont ensuite au gré des vents
Et que de ton radeau la carcasse isolée
            Bondit sur la vague affolée !

Lorsque la grêle aiguë abat, pique, détruit
            Le bourgeon, la fleur et le fruit,
Qu’elle hache menu l’orge et l’avoine en herbe
            Et ne laisse rien dans la gerbe ;