Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais dans la vague molle au gouvernail docile

            Ton fer trace un sillon facile ;



Ton beau navire fend le flot avec orgueil
            Et, s’il court le long d’un écueil,
Comme pour saluer le péril qu’il évite
            Il se balance et passe vite.

Quand, au mois d’août, la pluie, activant le ferment,
            Fait germer sur pied le froment,
Suis-je donc sans angoisse au fond de ma chaumine
            Et sans souci de la famine ?

Je vois périr l’espoir du pain quotidien ;
            Je me désole et ne puis rien.
J’assiste à ma ruine, hélas ! sous la tempête
            Il faut que je courbe la tète.

Que les cœurs généreux nous prennent en pitié
            Et qu’ils nous mettent de moitié !
Celui qui peut lutter en est-il le plus digne,
            Ou bien celui qui se résigne ?