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Mais sa langue s’accroche au patois du village.
Pauvre Jean ! Toutefois, s’il se croit malheureux,
C’est d’être si timide et non d’êtrè amoureux.

     Jean vient chaque Dimanche, à la mode normande,
Voir Marie. On attend qu’il fasse sa demande ;
Le père en Petit-Jean voit un gendre assuré,
La mère l’encourage et le trouve à son gré ;
Ils ne songent pas même à consulter leur fille
Et considèrent Jean comme de la famille.

Marie au fond du cœur sent de rudes combats.
L’amitié parle un peu… mais tout bas, mais tout bas !
C’est celle d’autrefois, douce au cœur, mais la flamme
Qui réchauffait l’enfant semble tiède à la femme.

— Pauvre Jean ! se dit-elle, il m’aime sans façon
Comme un loyal jeune homme et comme un bon garçon,
Un cœur fort, calme et doux doit battre sous sa blouse…
Sa blouse !… faut-il donc aussi que je l’épouse ?
Ah ! ces gens de campagne ont des entêtements !
Ils aiment leur pain bis et leurs vieux vêtements.
Le pain bis… Pauvre Jean ! e crois qu’il mord à même !
Ah ! je voudrais pourtant l’aimer autant qu’il m’aime,
Mais je sens, quand je veux répondre à son amour,