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ABANDONNÉS SUR LA BERGE[1] (PAGE 238).


DE PÉKIN À PARIS[2],

LA CORÉE — L’AMOUR ET LA SIBÉRIE,
PAR M. CHARLES VAPEREAU.


XXII

De Krasnoïarsk à Tomsk.



M.et Mme Regamey nous suivent. Leur tarantass est plus petit que le nôtre. Ils ont mis dedans une énorme malle, sur laquelle ils sont juchés, dans une position qui manque de sécurité. Heureusement la route est bonne, les côtes moins nombreuses et moins raides. Les villages sont plus rapprochés et plus importants. Le premier que nous traversons se compose d’une unique rue, qui a 7 verstes de longueur.

LA GROSSE CLOCHE DE MOSCOU[3].

La province du Iénisséi est très fertile ; le gouverneur nous dit que dans le district de Minousinsk, à 200 verstes au sud, le seigle coûte 5 kopeks le poud, et qu’on vend pour le moment la récolte de 1889. Faute de pouvoir écouler les produits, une faible partie du territoire seulement est mise en culture. S’il y aval des moyens de communication, ce pays serait le grenier de la Sibérie. Tandis qu’ici on ne trouve pas à vendre les grains, il y a disette et famine à 1 000 verstes à l’ouest et les paysans affamés sont obligés d’émigrer.

En contemplant les merveilleuses récoltes qui se préparent çà et là, Hane est surpris de voir si peu de terrain mis en culture, et ne peut s’empêcher d’en exprimer son étonnement : il explique la chose par la paresse manifeste des habitants.

J’ai eu souvent l’occasion de voir l’ingénieux appareil que les Sibériennes ont imaginé pour bercer les enfants sans interrompre un travail de couture. Qu’on se figure un cadre en bois muni d’une toile : c’est le berceau. Il est suspendu par quatre cordes à une longue perche flexible ; au-dessous pend un anneau au moyen duquel on imprime avec le pied un mouvement de haut en bas. Quelquefois cet anneau n’existe pas, et l’on se contente de faire balancer le berceau. Hane m’affirme que cette méthode est également chinoise et très usitée dans les campagnes.

Dans toutes les maisons de poste, généralement dans un des angles faisant face à la porte d’entrée, est une grande icône encadrée, devant laquelle une veilleuse

  1. Gravure de Berg, d’après une photographie.
  2. Suite. — Voyez t. LXVII, p. 177, 193, 209, 225, 241 et 257 ; t. LXVIII, p. 193 et 209.
  3. Gravure de Bazin, d’après une photographie.