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LES ILES DU SALUT (PAGE 6).

VOYAGE AUX TROIS GUYANES”,

PAR M. G. VERSCHUUR.


LA GUYANE FRANÇAISE.

I

Les pénitenciers. — Kourou. — Les îles du Salut, — Le Maroni.

N visitant successivement les trois Guyanes, je me proposais de me livrer à une étude comparative sur les différents systèmes de colonisation, les cultures de ces pays et leurs chances d’avenir. Après un séjour de deux mois dans quelques îles des AntiHes, je pris à Fort-de-France le Salvador, ba- | __ teau annexe de Re ne Ja Compagnie Le générale transatlantique, qui dessert ces trois

colonies, et qui, en même temps, fait escale à Sainte-Lucie et à la Trinidad. Ces deux relâches me procurèrent l’occasion de visiter la petite ville de Castries, capitale de Sainte-Lucie, et de passer une demi-journée à Port of Spain, la capitale de la Trinidad, une des îles les plus pittoresques des Antilles. La Trinidad est un vrai paradis ter-

LAVE, — 1695° niv.





ÉGLISE DE SAINT-LAURENT DU MARONIŸ (PAGE 8).

restre. Une végétation puissante recouvre les flancs des montagnes et leurs nombreux vallons d’une toison de verdure veloutée ; la flore tropicale se déploie dans toute son exubérance et dans toute ses variétés ; les arbres poussent jusque dans les anfractuosités des rochers escarpés des côtes.

Au départ de cette terre enchanteresse nous en avons fini avec la mer diaphane et calme ; le Salvador, rouleur émérite, se plaît à cabrioler sur la nappe houleuse qui charrie des troncs d’arbres et des débris de végélation arrachés aux bords de l’Orénoque. La mer, sur la plus grande partie des côtes de Guyane, prend, en recevant le dépôt vaseux des grands fleuves, la teinte d’eau sale que nous retrouvons aux embouchures de l’Amazone et de la Plata. Nous nous arrêtons quelques heures à Georgetown et à Paramaribo, capitales des Guyanes anglaise et hollandaise, et, dans l’après-midi du sixième jour de notre voyage, nous apercevons les îles du Salut, distantes de 25 milles de Cayenne.

Le courrier s’arrête aux îles du Salut le temps nécessaire pour déposer un sac ou deux de dépêches. Au moment où nous stoppons, une chaloupe ramée par six forçats s’est détachée de l’ile Royale ; la Santé arrive, on délivre la poste et l’on part, pour jeter l’ancre

1. Dessin de Lancelot, gravé par Girardet. 2. Voyage exécuté en 1892. — Texte et dessins inédits. 3. Gravure de Baïin, d’après une photographie.

No 1. — 1 juillet 1893.