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CHEZ LES CANNIBALES.

Australiens se préoccupent fort peu de la chaleur. Les travaux de la station vont leur train habituel. Dans le fait on souffre moins si l’on s’occupe activement au dehors, que tranquillement assis à la maison. Les hommes adonnés à la boisson résistent mal à cette température de fournaise ; à Rockhampton il en mou­rut neuf en une semaine. Et cependant le climat du Queensland est plus salubre que celui de n’importe quel pays situé sous la même latitude. Les Queenslan­dais ne sont pas obligés, comme les habitants d’autres contrées tropicales, d’envoyer leurs enfants en climat moins chaud : bien qu’élevés dans le pays, ils devien­nent forts et bien portants.

Les fièvres ne règnent que dans les districts où la colonisation commence, où la terre n’a pas encore été remuée ; elles y sont plus bénignes que sur d’autres points du tropique, et bien plus rarement mor­telles. Les colons sont souvent affligés d’une maladie des yeux, très douloureuse, the sandy-blight, qui peut cau­ser une cécité complète.

Carte d’Australie pour servir à l’intelligence des voyages du docteur Lumholtz.

Les habitants du Queensland connaissent encore une autre affection maligne, the barcoo-rot, engendrée quelquefois par une simple égratignure : le voyageur remarque, non sans étonnement, que tout le monde a la main entourée d’un chiffon ; la raison en est qu’une éraflure insignifiante détermine une ulcération, dont on pourra souffrir de longs mois. Le beliander est encore une des maladies com­munes au Queensland. Tout à coup, et sans cause ap­parente, on est pris de vomissements ; mais la guéri­son est aussi rapide que l’attaque a été prompte. Ces maladies tirent assurément leur origine de certaines circonstances climatériques ; aussi tout colon malade s’en prend au climat.

N’est-il pas surprenant que les bushmen puissent se maintenir en santé avec la vie qu’ils mènent ? Coucher dehors sous la pluie, manger quand l’occasion s’en offre, n’avoir pour ordinaire que de la viande salée et des galettes, boire de l’eau trouble ou de l’alcool, tel est leur régime. Le bushman se lève avant le soleil, mange, selle son cheval et l’enfourche pour se rendre au travail. Il ne rentre pas avant le coucher du soleil. S’il a le temps de manger, il mange ; s’il n’en a pas le loisir, il attendra.