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château féodal a épousé la forme : si bien que l’on ne distingue plus les tours et murailles artificielles des tours et murailles naturelles. Ce château fut, paraît-il, le berceau de la famille de Montcalm, dont le membre le plus illustre, le maréchal Louis-Joseph, marquis de Montcalm de Saint-Véran, lutta si glorieusement contre les Anglais pour la possession du Canada et fut tué, ainsi que le général ennemi Wolfe, à la sanglante bataille de Québec, le 14 septembre 1759. Aujourd’hui le castel abandonné tombe en ruines, et ses pierres croulantes endommagent parfois les sordides masures qui abritent sous ses murs quelques pauvres familles de vignerons : si la position de ce hameau isolé et perdu est pittoresque, la misère y est grande, et, comme un voyageur observait un jour que les Montcalm étaient sortis du château de Saint-Véran, il reçut d’un habitant de l’endroit cette plaisante réponse qu’on ne s’attendait guère à trouver dans la bouche d’un simple Caussenard :

« Ce n’est pas étonnant qu’ils en soient sortis.

— Et pourquoi ?

— Parce que c’est du mauvais pays et que nous voudrions bien pouvoir en faire autant. »

Saint-Véran. — Dessin de Vuillier, d’après une photographie de M. Chabanon.

Espérons que les visites de nombreux touristes apporteront là, comme dans toute la région, un peu de l’aisance qui y fait tant défaut.


IV. Montpellier-le-Vieux.


Si la forêt de Fontainebleau était demeurée inconnue jusqu’à nos jours et que l’on fût venu en 1863 en annoncer la découverte inopinée aux Parisiens, avec la description de toutes ses curiosités, je suppose bien que la nouvelle eût provoqué un certain étonnement.

Or c’est ce qui se passe pour Montpellier-le-Vieux, merveille naturelle révélée en 1883, étudiée depuis deux ans, célèbre l’année prochaine et à la mode avant dix ans.

Qu’est-ce donc au juste que cette nouvelle trouvaille des touristes ?

À 12 ou 15 kilomètres à l’est de Millau, Montpellier-le-Vieux est une ville en ruines, mais une ville de rochers, construite par la nature et dégradée par les érosions ; cette cité aux monuments colossaux, suspendue au bord du causse Noir, à 400 mètres au-dessus de la Dourbie, sur des remparts de dolomie semblables en tout à ceux qui encaissent les vallées de la région des Causses, couvre avec ses dépendances une surface d’environ 1 000 hectares, et ressemble de loin à la capitale