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la digue de rochers qui en s’écroulant forma le chaos du pas de Soucy, du fond de ce cirque, dis-je, émergent de tous côtés des roches dolomitiques qui d’échelon en échelon s’élèvent à 500 mètres, jusqu’au bord du causse. Ces roches de toutes dimensions, évidées, dentelées, taillées par la pluie, par le gel, par l’humidité et par la sécheresse, affectent les formes les plus bizarres et les plus variées : aiguilles, tours, arceaux forteresses ; sans cesse elles changent d’aspect au gré des jeux de lumière et d’ombre. Les roches sont nombreuses, mais le cirque est tellement vaste que toutes ces bizarreries se fondent et disparaissent en quelque sorte dans l’ensemble,

Vue prise dans le cirque des Baumes. — Dessin de Vuillier, d’après nature.

Ce qu’il y a de vraiment merveilleux, c’est la simplicité de composition, l’harmonie puissante de lignes et de couleurs, l’unité de ce cirque, et c’est du lit du Tarn d’où l’on voit se découper sur le ciel bleu les grandes murailles de son fronton, ou du haut du causse, au Mas-Rouge, d’où il semble un abîme, qu’il faut aller admirer cette merveille.

La barque file, entraînée par les rapides, se détourne à la rencontre des murailles, traverse les gouffres. De distance en distance, là où le poisson fourmille, Justin lance l’épervier ; les truites, rapides comme des flèches, échappent, mais les gardons, moins lestes et moins méfiants, frétillent bientôt dans la barque. La pêche est peu fructueuse aujourd’hui, il fait trop clair, et Justin y renonce.

Nous passons devant le hameau des Baumes-Hautes ou Baumes-Vieilles, incrusté dans les ouvertures de la