de 100 mètres et plus, au-dessus desquelles parfois pyramident, de talus en ressaut, à 500 mètres de hauteur, les tours, les forteresses crénelées, les fines aiguilles, les grands bastions des deux causses. Dans toutes les fissures de la roche, sur tous les entablements, se dressent ou se penchent des pins, des arbustes, des plantes grimpantes ; çà et là entre les grands rochers montent des traînées de verdure. Dans cette solitude, sonore comme une cathédrale, on éprouve une sorte de respect religieux ; on se tait ; pour un peu on se découvrirait la tête. Les Étroits sont la splendide préface du merveilleux cirque des Baumes.
Au delà de l’Îlot des Chèvres, gros bloc de rocher tombé au pied de la muraille et qui semble défendu par le surplomb de la falaise taillée en donjon, nous sortons du détroit ; à droite se montre en partie le cirque des Baumes, à gauche le hameau de la Croze et sa jolie grève ensoleillée : arrêtons-nous un instant.
Vous pouvez descendre à terre et prendre sur la rive gauche un sentier escarpé, très rude et très pittoresque, conduisant au milieu de bois et de rochers à Saint-Préjet du Tarn, en face des Vignes. C’est, m’a-t-on dit, un vrai casse-cou, mais les vues sont superbes. Un autre sentier, celui-là facile, longe la rive droite et conduit directement au pas de Soucy et aux Vignes ; en le suivant, vous verrez de plus près, et moins rapidement qu’en barque, les bizarreries des roches, les étrangetés des recoins, les rochers auxquels on a infligé tel ou tel nom ; mais vous verrez moins bien l’ensemble du cirque et vous donnerez à votre insu trop d’importance aux détails… Croyez-moi, descendez en barque, et, lorsque vous aurez bien vu l’ensemble, vous reviendrez à pied, si cela vous plaît, étudier quelques-uns des détails ; vous aurez tout le temps alors d’être à votre aise géologue, entomologiste ou botaniste.
Mais, je vous le répète, voyez d’abord l’ensemble, suivant ainsi l’exemple des Ramond, des Saussure, etc. qui savaient bien voir et bien dire, et qui n’en étaient pas moins savants.
Maintenant que notre admiration a eu le temps de reprendre haleine, embarquons. Devant nous s’ouvre l’immense hémicycle rougeâtre du cirque des Baumes qui, au fronton du causse de Sauveterre, a 5 kilomètres de développement, et 8 kilomètres au niveau du Tarn. La couleur rouge y domine, mais le blanc, le noir, le bleu, le gris, le jaune y nuancent les parois, et des bouquets d’arbres, des broussailles y mêlent des tons verts et des tons sombres. Du fond de ce grand cirque qui autrefois contint un lac fermé au sud par