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LE TOUR DU MONDE

NOUVEAU JOURNAL DES VOYAGES





Vue générale du Nouveau Biskra {voy. p. 3). — Dessin de G, Vuillier, d’après une photographie.

LE SAHARA ALGÉRIEN,

PAR M. V. LARGEAU.

1874-1378 — DESSINS INÉDITS,

BISKRA — TOUGGOURT — RHADAMES — LE SOUF — OUARGLA.

en

I

Biskra, la « Reine des Ziban ! ».

C’était en 1874.

J’avais formé le projet d’explorer Le Sahara au double point de vue commercial et scientifique.

Je voulais d’abord essayer d’attirer vers notre colonie les Caravanes du Soudan qui, depuis la concçuête, se rendent au Maroc et dans la Fripolitaine, en évitant soigneusement l’Algérie.

Je voulais ensuite, tout en fournissant des preuves palpables de la richesse du Soudan, attirer l’attention sur cette contrée, et enfin rechercher les moyens d’établir, à travers le Grand-Désert, une voic ferrée qui, reliant l’Algérie au Niger, nous mettrait à quelques jours du Pays des Noirs et nous donnerait le monopole de son commerce.

Un projet aussi vaste était bien téméraire, car, à cette

1. Dans les livraisons qu’on va lire, j’ai cru devoir reproduire, par endroits, le texte de l’ouvrage que j’ai publié sous Le titre de : Le Pays de Rirha.

J’ai écrit ce livre aussitôt après mon exploration, sur les notes

de mon carnet de voyage. On retrouvera donc l’expression exacte de mes impressions dans les passages que j’en ai conservés.

XALEII. -— 1069° ziv.


époque, on enseignait dans Les écoles que le Sahara cst un désert de sables mouvants, sans eau, inhabitable, inhabité, si ce n’est par les bêtes fauves.

Mais de la lecture attentive des voyageurs qui déjà s’étaient aventurés dans les sohitudes saharicennes et de nombreux renseignements recueillis de la bouche des nomades pendant deux séjours en Algérie, j’avais déduit que, tant du versant méridional des monts Altas que du massif montagneux qui s’élève au centre du Grand-Désert, sortent des eaux abondantes : si elles ne coulent pas à ciel ouvert à cause de la nature spongieuse du sol saharien et de l’encombrement des vallées par les alluvions aériennes dont les sables forment la masse principale, ces eaux doivent suivre, à une faible profondeur sous le sol, les pentes naturelles du terrain ; les oasis qui émaillent certaines parties du Grand-Désert tiennent leur existence de ces eaux souterraines, et, en suivant les vallées, il doit être possible d’établir une route, et même une voie ferrée, entre l’Algérie, le Soudan ct le Sénégal, et de

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