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REVUE GÉOGRAPHIQUE.

ainsi la côte du Pacifique. Gette fois encore il dut re- noncer à longer par mer la côte de l'ile, et c’est par terre qu’il accomplit ce trajet, au milieu de grandes difficultés; le 22 février, il revenait à Surigao.

Les lettres de M. Montano permettent de constater que la mission a été des plus intéressantes à tous égards; au point de vue géographique, celui qui nous préoccupe ici, l'itinéraire dont nous avons es- quissé les lignes est appuyé sur des déterminations astronomiques qu’on peut considérer comme bonnes en raison des conditions où elles ont été exécutées. Les explorateurs qui s’astreignent à faire des observations de ce genre, sans négliger les autres, sont trop rares pour que nous ne félicitions pas M. Montano des résultats de son voyage, qui aura, de tous points, les caractères d’un voyage scientifique.

V

Nous pouvons espérer aussi d'excellentes iñforma- tions du voyage accompli par M. de la Croix dans l'intérieur de la presqu'île de Malacca. Après avoir parcouru, avec M. Brau de Saint-Paul Lias, chargé d’une mission du Ministère de l'Instruction publique, la côte du royaume d’Atjeh, M. de la Croix a passé sept mois dans l’intérieur du territoire de Perak, le plus considérable des États indigènes de la presqu’ile malaise. Il a suivi le cours moyen de la rivière de Perak, parcouru plusieurs cours d'eau qui pénètrent dans l'intérieur de la presqu'île, visité pour la pre- mière fois la tribu des Sakages établis aux têtes de la rivière Plus, et recueilli des données sur la géologie et la richesse minière du pays,

VI

À maintes reprises le territoire de notre province de Constantine avait été violé par des incursions par- ties de Tunisie, et auxquelles le gouvernement tunisien n'avait ni le sincère désir, ni les moyens de mettre un terme. Une armée française dut en conséquence aller châtier les agresseurs, Arabes nomades dont les tribus vivent en confédération sur la frontière algérienne, dans une partie du rivage méditerranéen que l’ancienne délimitation avait laissée à la Tunisie. Le pays des Khoumir et de leurs voisins les Nefza et les Mo’qod était absolument inconnu au delà de la zone littorale sur laquelle avaient pu porter les lunettes des hydro- graphes. Nous n'avons pas ici à nous étendre sur les excellents résultats politiques de la campagne qui a conduit le drapeau français sous Îles murs: mêmes de

Tunis, mais les résultats géographiques de ces événe-

ments rentrent dans notre cadre.

A ce point de vue, les travaux de la brigade topo- graphique attachée au corps du général Brem auront une importance d'autant plus grande qu'il s’agit ici d'une région, le pays de Khoumir, qui faisait une tache blanche sur les cartes: contrairement aux ren-


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seignements qu’on avait pu recueillir jusque dans les dernières années, et que MM. Fanelly et Caillat avaient utilisés pour donner un croquis de cette contrée!, le pays des Khoumir n’est pas le massif montagneux qu’on croyait découpé par des vallées courant du sud au nord. C’est bien, il est vrai, une contrée montagneuse, mais où les chaînes de mon- tagnes se développent parallèlement entre elles et au rivage de la mer. Bientôt, sans doute, la publication des travaux de la brigade topographique, centralisés par le lieutenant-colonel Perrier, permettront de com- pléter et de rectifier la carte de toute la partie nord de la Tunisie.

VII

La mission du Ministère des Travaux publics, con- fiée au colonel Flatters, devait, on se le rappelle, con- tinuer d'ouvrir à la science les routes historiques du commerce de l'Algérie et de la Tunisie avec les États Haousa, et y faire Les études nécessaires pour l’établis- sement d’un chemin de fer; cette mission a été anéantie dans un drame qui forme jusqu’à ce jour la page la plus émouvante de l’histoire des explorations françaises en Afrique. |

Le colonel Flatters, les capitaines Masson et Dia- nous, les ingénieurs Béringer, Roche et Santin, et le docteur Guiard, formaient le personnel de cette nouvelle mission qui partit de Warglâ, emmenant avec elle un nombre assez considérable d’Arabes d’AI- gérie, pris parmi les tirailleurs indigènes ou dans les tribus nomades du Sahara. Au lieu de suivre, dès le début, comme il l’avait fait dans son premier voyage, jusqu'à El-Biod, les traces de l’ancienne route de Warglà à la Nigritie, le colonel Flatters à appuyé à l’ouest pour éviter la large zone des dunes d'El-Erg. Il a remonté l'Ouâd Miya jusqu'au puits d’Inifel, ou Hässi Abd El-Hâkem des Arabes, d’où il a gagné Hâssi El-Mesegguem, sur une des routes de Ghadâmès à In-Çâlah, pour tomber dans l’Ouâdi Igharghar, à l'endroit où cette vallée reçoit de l’ouest l’Ouäâd Rhariîs. Remontant alors l’Igharghar, M. Flatters et ses com- pagnons ont été les premiers à apercevoir le haut mont Oudän, où commence le massif du Ahaggar; en lon- geant alors les flancs du plateau qui lui sert de base, ils parvinrent à la sebkha d’Amadghôr, mine de sel qui alimentait autrefois le commerce des pays des nègres

et qui avait déterminé le passage de la route com-

merciale dans cette direction.

Vers le 16 février dernier, la caravane française n’é- tait plus qu’à environ sept marches dans le nord-ouest du puits d’Asiou, peut-être dans la vallée de l’Ouädi Tin-Tarâbin ; le guide feint de se tromper, dépasse le puits fixé pour l'étape et insiste pour que le camp soit établi sur le point où l’on en est. Mais le colonel, voulant aller examiner le puits, part sous la con- duite du guide, avec le capitaine Masson, le docteur

1. Voir Revue de géographie, août, 1819.